[BG] Sabere

Sabere, Souvenirs Perdus.

Prologue

Quand j'ai rencontré Kris Eidan pour la première fois, je l'ai senti hésitant quant à mes motivations et à mon acceptation dans la légion. Je crois, pour éclaircir la route entre nous, qu'il serait bon que j'essaie de raconter l'histoire qui m'a amenée ici, même si ce n'est pas facile pour moi.

Mes souvenirs... mes souvenirs sont incomplets, flous, incertains. Mais, même quand on perd la mémoire, il reste les rêves, des rêves qui nous hantent nuit après nuit, jusqu'à recouvrer la solidité concrète d'un passé bel et bien vécu.

Je L'ai vu pour la première fois quand Il est tombé du ciel pour s'échouer à mes pieds, blessé, brisé comme seul un humain aurait dû pouvoir l'être. Je...

Pardon, je vais un peu vite.

A cette époque, j'étais encore humaine. J'étais une adolescente banale qui vivait dans un petit village sans histoire, baigné par la chaleur du soleil durant l'été, figé par la morsure de la neige l'hiver venu. Je vivais avec mes parents – étrangement, les visages me restent flous, je n'arrive pas à remettre les noms, mais les sentiments que j'éprouvais me sont aussi vivaces que si tout cela ne remontait qu'à hier. J'avais un prétendant aussi, ou peut-être un fiancé, je ne sais plus trop, en tout cas quelqu'un qui me tournait autour, que ma famille voyait d'un bon œil, mais qui me laissait vaguement indifférente.

Puis je me rappelle Son arrivée, quand Il est tombé du ciel, littéralement, à mes pieds. Je me trouvais dans le bois, à quelques encablures à peine des premières maison. Dans le ciel, quelques silhouettes en chasse voletaient, points que la distance rendait indistincts, alors que je savais que les hommes du village préparaient une battue pour Le retrouver.
Mais à mes pieds, il n'était qu'un être blessé, agonisant, toute la splendeur qui habite normalement les Daevas chassée de son corps. Il était l'Ennemi, j'aurais du me précipiter au village, prévenir la milice, hurler, l'achever de mes propres mains. Mais j'étais une idiote, naïve, rêveuse, et je n'ai pu me résoudre à le condamner alors qu'il haletait laborieusement, à peine conscient. Loin de le dénoncer, je l'ai caché, soigné, nourri.

Il s'est remis bien plus vite que je ne l'aurais cru possible. A chaque fois que je m'éclipsais du village pour aller le voir dans la cachette où je l'avais tiré, je le trouvais plus fort, plus grand. Plus beau. Et puis... il était gentil, ses regards étaient doux, ses gestes rassurants. Il sentait le caramel chaud et j'aimais cette odeur. Peut-être que j'ai juste été fascinée par les sourires tendres qu'un être divin m'adressait. Peut-être. J'essaie encore de m'en convaincre. Mais, plutôt, je suis tombée amoureuse, comme seule une adolescente peut le faire, sans retenue, sans réfléchir, de tout mon être. Un prince charmant était tombé à mes pieds, c'était le mien, à moi seule, et quelle fille aurait pu y résister ?

Et, une après-midi, je me suis donnée à lui. Il fut mon premier, et autant que je sache, le seul que j'ai connu. Je voudrais dire que je n'y ai pris aucun plaisir. Que j'ai juste été trompée. Que je n'étais qu'une victime. Mais quand je me rappelle la douceur de ses caresses, des jours passés à ses côtés, je me vois juste joyeuse, ivre de vie et de bonheur.
A cette évocation, la honte m'enserre, et je ne peux que me haïr à la pensée que c'est dans ses bras que j'ai connu les jours les plus heureux de ma vie. La souillure de mes sentiments a entaché mon cœur à jamais, et ces sensations que je voudrais arracher de moi font encore frissonner mon corps du souvenir d'un bien-être indécent.

Puis tout a basculé. Je me revois courant vers le village, depuis la cachette que j'avais trouvée déserte, traverser la rue poussiéreuse, la poitrine serrée par le drame que je pressentais.
Je me revois ouvrir la porte de ma maison, pour le trouver debout, couvert de sang, un couteau à la main, le visage baissé sur le cadavre torturé et méconnaissable de celui qui avait été mon prétendant. Et, juste derrière lui, mollement appuyés au mur, les corps désarticulés et sans vie de mes parents.
A ce moment, il a levé les yeux sur moi, et ses lèvres se sont agitées pour parler. Mais, malgré tous mes efforts, à l'instant où j'aurais dû pleinement apercevoir son visage dans la lumière et comprendre ses mots, tout se brouille, définitivement.

J'ignore ce qu'il s'est exactement passé ensuite. J'ai du finir par quitter le village, et voyager, ou fuir, pousser par une rage et une colère qui me semblent être les seuls éléments tangibles de mon existence d'alors. Je me rappelle avoir passé des jours, peut-être même des mois ou des années, à abattre une épée sur des troncs d'arbre déchiquetés, jusqu'à sentir l'ether s'enrouler autour de ma lame.
Mais dans mes mémoires déchiquetées, il y a trop de choses que je ne comprends pas. Je me revois à Sanctum, lors de mon ascension, brandir un bouclier brillant, emplie d'un espoir dont aujourd'hui je ne saisis pas l'origine. Je me revois, sur les sentiers de la guerre, croiser mon premier Asmodien, me jeter sur lui embrasée par la haine, pour finalement être incapable de l'achever. Je me revois, encore humaine, adossée à un arbre, une blessure béante à la hanche, attendant une mort inexorable et définitive.
Je revois tant de choses que je ne comprends pas, qui me semblent être les faits et gestes d'une inconnue, d'un personnage dont j'aurais observé la vie par intermittence, mais qui n'est pas moi et ne le sera plus jamais.

Aujourd'hui j'erre aux tréfonds oubliés du monde, traînant mon épée de villages en villages. En fait d'héroïne ou de vengeresse, je me retrouve plus souvent à couper du bois pour une grand-mère impotente, ou à chasser des cochons sauvages pour une famille surprise par un hiver précoce. Cela me convient. J'y retrouve, je crois, un peu de la chaleur du foyer que j'ai perdu, et le temps d'une escale, même si ce n'est qu'une illusion, je repousse au lendemain les démons qui me hantent.

Mais, un jour, je le retrouverai. Alors seulement je saurai qui je suis. Puis je le tuerai, encore et encore, jusqu'à ce que son âme n'est plus la force de revenir en ce monde.
Je ne crois pas pouvoir y survivre.
Mais qu'importe. Tout cela doit avoir une fin.

(Bravo ! Cette fois je te souhaite la bienvenue, ta présentation m'avait laissé perplexe mais là je dis juste bravo ! Magnifique entrée en matière Wink

)

(Un grand Bravo, histoire pas trop longue, une trés belle Naration, trés bien mise en oeuvre, c'est juste dommage que le récit ne soit pas ''Embellie'' en quelque sortes. ^^ Mais sinon, parfait ! Bienvenue à toi !)

(De beaux RP en perspective, bravo ! Wink

(
Merci^^

Pour la présentation c'est vrai que je l'ai faite un peu vite sans savoir quoi y mettre, j'avais commencé à réfléchir à ce texte et je voulais pas redire les mêmes choses.

Pour le récit, je ne voulais justement pas trop "l'embellir", et rester dans l'idée de quelqu'un qui raconte simplement, pas qui cherche les meilleurs tournures ou les meilleurs mots. Enfin, pas trop. Mais bon, à voir, faudra de toute façon que je le relise dans quelques jours avec plus de recul.
)

(Tu m'as mal comprise, quand je parlais d'embellir, je parlais du texte. Faire en sorte que la présentation de ton texte soit embellie, et non le texte en lui même. Il me semble avoir vus une ou deux fautes, mais rien d'alarmant. ^^)

Ex : - Il était une fois, une petite ''contrée''...

(
ok^^
Du coup j'ai rajouté un titre, j'ai mis en gras pour démarquer du reste de la discussion, et j'ai essayé de mettre une police qui fait plus manuscrite. (Pour les couleurs je suis pas fan).
)

(Ah, une âme trompée et esseulée : j'aime ! Et si tu veux, pour l'avenir, tyranniser quelques mâles asmodiens, Lisy peut te refiler quelques potions de son cru. Ce sera avec plaisir Smile

Bien évidemment, pas ceux d'Orséis hein. *Ils seraient capable de s'en plaindre*)

» [présentation] Sabere
» Sabere, w.e. non vaqués...