Orséis Pyrae
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 [Background] Sethza

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MessageSujet: [Background] Sethza   [Background] Sethza I_icon_minitimeVen 29 Mar - 22:56

Des shulacks et des hommes.



« Orséis Pyrae »


Sethza prononçait ses mots le regard vide. Carmen, la capitaine du « Shugo désinvolte » plantait ses dents dans une côtelette de Rynoss et mangeait avec un remous de mâchoire.

-Cela fait deux semaines que tu prononces ça Sethza. Encore une de tes intuitions ?
-Je n'en sais rien capitaine, répondit-elle en haussant des épaules, je ne me l'explique pas. Mais ces deux mots ne cessent de me hanter.

L'horizon prit une teinte sépia, constellé d'écharpes de lumières pastelles. A bord, l'équipage contemplait une dernière fois les côtes de Cantas avant qu'elles ne disparaissent au crépuscule.

Loin de ce spectacle, Carmen s'isola dans sa cabine. Elle n'avait même pas trente ans, mais déjà connaissait-elle les meilleures routes maritimes de Verteron à Heiron. Non, en vérité, Carmen savait surtout comment les contourner, pour transporter des marchandises en toute discrétion. Imbibant sa plume d'encre, elle ouvrit son journal de bord pour lui confier ses ressentis du moment.


« Jour X, mois X, quelque part au large de Verteron.

Plus que deux jours et nous arriverons. Je sens l'excitation de l'équipage s'accroître à mesure que nous approchons de notre destination. Si tout se passe comme prévu, nous marquerons là la dernière mission du Shugo désinvolte.

Cent millions de kinah, c'est la promesse d'une magnifique retraite anticipée. Bien sûr, je n'ai pas souhaité alerté la vigilance de mes hommes sur la nature de nos employeurs. Aussi, il me fallut mentir et annoncer à peine dix millions de récompense, assez pour les contraindre à voguer un mois durant, mais trop peu pour qu'ils m'accablent de questions.

Pourtant, je les entends déjà rêver à haute voix par moment. Certains parlent de rentrer chez eux, d'autres caressent l'idée de s'installer sur Poéta ou Verteron. J'ai hâte de voir leurs têtes quand ils apprendront qu'ils toucheront dix fois plus.

Moi ? J'irai couler le Shugo désinvolte au large, afin de dissiper toutes traces de notre vie de contrebandiers. Cela me fait mal au cœur, mais nous épargnera des ennuis. Dommage, j'aimais bien ce rafiot... »


Croisant les jambes dans un froissement de cuir, Carmen sourit et survola quelques pages précédentes de son journal.


« Jour O, une semaine après le début du transport »

Salemerk, dit « Salem Sans-queue », le shulack de notre équipage, me confia se sentir à l'aise sur le shugo désinvolte. Il sait, pensais-je. Il sait que ce navire n'est pas de conception humaine.

A l'origine, c'était un prototype de navire volant, tout comme le célèbre Brise-écume. Hélas, le projet fut vite abandonné. En effet, le moteur d'origine, nourrit de composants balaurs, devint vite trop coûteux, donc peu lucratif pour ses propriétaires shugos. Je ne sais comment il tomba ensuite entre les mains de lépharistes, Mais ils ont accomplis un travail remarquable pour le transformer en véritable « foudre des mers ».

Ha, qu'ils doivent bien me maudire aujourd'hui, ces lépharistes, pour leur avoir chapardé l'un des fleurons de leur marine. »

« Jour R, deux semaines après le début du transport.

Orséis Pyrae. Sethza eut encore une intuition et marmonna ses mots. Je ne suis pas sûre de comprendre. Après tout, c'est une femme d'Eltnen, étrange comme tout les gens de ce pays. Reste qu'elle est très rusée et qu'elle voit souvent juste. Peut être avons nous évité bien des ennuis par le passé grâce à ses talents divinatoires. »

« Jour T, plus de deux semaines après le début du transport.

Orséis Pyrae. Une grande partie de l'équipage murmure ces mots, comme s'il s'agissait d'une malédiction. Je ne crois pas au mauvais œil. Toutefois, cela devient inquiétant. Certains prétendent l'avoir entendu dans leur sommeil, d'autres sur le pont. Je me demande... y'aurait-il un lien avec ce caisson d'une valeur de cent millions de kinah ? Nan...

« Jour V, trois semaines après le début du transport.

Non... Pourquoi ai-je regardé dans le caisson. Plus que quelques jours et nous arriverons. Je ne dois plus penser, plus réfléchir, mais accomplir le transport. Personne ne doit savoir. Par précaution, j'ai poussé le caisson derrière les cargaisons d'odium et de ruko. Cent millions, ce n'était pas assez. J'ai un horrible pressentiment. Non, encore quelques jours et tout sera terminé. Nous serons riches. Simplement riches...


Au matin suivant, le dernier jour du transport, « Salem Sans-queue » perdait son temps en explications auprès de Marz, un robuste homme d'Heiron.

-Fantôme, Marz ! Une douleur fantôme ! Fit Salem.
-Donc...l'esprit de ta queue hante ton corps ?

Le shulack explosa. Il devait bien mesurer deux shugos et demi, mais son véritable atout tenait de ses bras anormalement longs, tels deux longs fouets souples armés de dagues. Habillé d'un veston de cuir noir, sa posture naturelle mimait celle des humains, et pour cause, il était dépourvu de queue. Un daeva lui sectionna longtemps auparavant, lorsqu'il officiait comme mousse du Brise-écume. Il lui fallut ainsi apprendre un nouvel équilibre.

-Une douleur fantôme Marz, c'est lorsque nous ressentons encore notre membre, alors que nous l'avons perdu. C'est un phénomène connu.
-Je me demande, reprit Marz, comment as-tu pu devenir un si féroce combattant avec ce handicap.
-Et bien, du handicap naît le génie. As-tu jamais entendu parler de cet écrivain, qui composa un roman sans utiliser une seule fois la lettre E ? De la contrainte au chef d'oeuvre. C'est ce que je suis. C'est en perdant ma queue seulement que je pris conscience de mon plus grand atout, une souplesse sans égal parmi les shugos et les shulacks.

« Sans-queue » et Marz échangèrent un long silence à ces mots. Puis le shulack conclut.

-Non évidemment crétin, ça non plus tu ne le comprends pas...

Le mot « crétin » se prononçait toujours avec affection au sujet de Marz. Il ne brillait pas par son intelligence, pas même d'instants de lucidité. Toutefois, il possédait un talent évident. Les mots « corps humain » ne définiraient pas à sa juste valeur la prestance de ce colosse de deux mètres vingt. C'était d'avantage une charpente d'os et de peau, recouvrant un mécanisme complexe de muscles saillants et coulissant d'une manière peu naturelle. Chacune de ses inspirations semblaient s'emmagasiner dans son gros poitrail comme dans un cor de chasse. Ses expirations, elles, paraissaient évacuer un air soumis à une terrible compression, dans un rugissement léger. Bien qu'humain, tout chez Marz était un hymne à la force pure.
Jadis patrouilleur d'Heiron, on lui fit forger une armure sur mesure tant il dépassait les formats habituels. On raconta même que Sanctum finança toute sa formation martiale, et lui arrangea un poste dans la milice d'Heiron, en dépit de ses maigres facultés intellectuelles.
Marz était un investissement de Sanctum. Hélas, son ascension ne vint jamais.


La nuit à l'épaisseur d'encre.



Les dernières lueurs d'Asmodae disparurent au-dessus du « shugo désinvolte ». Le timonier dévia donc le navire au large pour éviter tout impact sur les récifs de Verteron. Cette nuit s'annonçait comme la dernière, après ces semaines de navigation.
Un poing féminin toqua à la porte de la cabine du capitaine. Sethza hésita puis entra sans attendre de réponse.

-Carmen.
-Je t'en prie Sethza, entre... Soupira-t-elle.
-Nous arriverons demain, en soirée. Tout le monde fait la fête à bord. Demain, nous serons tous riches.
-Oui, je ne suis pas sourde. J'entends vos rires gras jusqu'ici.

Carmen Flaherty. Dans le dur milieu de la contrebande, elle fut rapidement surnommée « la honte des mers ». Son secret le moins bien gardé traitait de son passé de léphariste. En vérité, elle ne fit partie de ce groupuscule révolutionnaire qu'un petit mois. Carmen ne daignait jamais en parler, sauf pour justifier le vol du « shugo désinvolte » à l'insu de ses anciens camarades.
Sethza s'approcha du pluma rouge, compagnon fidèle du capitaine. Tandis qu'elle le caressait, ses yeux balayaient la cabine, ornée d'une impressionnante collection d'affiches.

-Pourquoi collectionner la propagande shugo et les avis de recherche ?
-Ce n'est qu'une petite manie. Ces affiches nous informent plus sur Atréia que certains livres d'Histoire.
- « Shugo Kola, nouvelle recette, plus de sucre et moins de fruits. », lisait Sethza.
-Ah oui, c'est un vieux produit shugo qui a été retiré du marché il y'a longtemps. Ils ajoutaient de l'odium raffiné dans la composition pour rendre les gens accrocs.
-  « Le tueur au harpon », « Jack le daeventreur », « Croc suintant et les chiens fous », « Ermek, le trop honnête », qu'est ce ?
-De vieux avis de recherches sur des criminels ayant sévi d'un coin à l'autre d'Elyséa. Certaines de ses affiches ont plusieurs siècles et valent aujourd'hui une petite fortune pour les collectionneurs.
-Bref, Carmen. Pourquoi t'isoles-tu ? Qu'est ce qui te ronge tant, à la veille de notre réussite ?

Une fine perle de sueur coula de sa chevelure brune à ses joues. Carmen se mordilla le pouce puis détourna le regard. Elle se redressa en temps que capitaine, les poings appuyés à son bureau et la mine autoritaire.

-Va rejoindre les autres, exécution !
-Tu... ce sont les mots n'est ce pas ? Orséis Pyrae. Tu sais de quoi il s'agit.
-Tes intuitions, Seth, dit-elle avec sourire. Cela te causera du tort un jour. Ce ne sont que des rumeurs, tu n'as pas à t'en inquiéter.
-Quel genre de rumeurs ?
-Je ne sais pas grand chose, si ce n'est que ces rumeurs ne datent pas d'hier, et racontent... -elle réfléchit- ...il existerait des daevas en marge de Sanctum et Pandaemonium, unis sous une même bannière.
-Des élyséens et asmodiens, marchant main dans la main ?
-A mon avis, ils n'existent pas. Seule l'utopie existe encore. Après tout, quand nous levons les yeux vers Asmodae, et quand les asmodiens lèvent les yeux vers Elyséa, je pense que nous ressentons tous... ce petit quelque chose triste et amer, une sensation qui nous rappelle que le monde fut peut être meilleur, il fut un temps. Ce n'est donc pas si surprenant que l'utopie soit tenace, et que la rumeur vagabonde encore.
-Mais pourquoi maintenant, pourquoi ces mots sont-ils arrivés jusqu'aux lèvres de notre équipage. Cela va faire un mois que nous sommes en mer.
-C'est toi qui a prononcé ces mots la première, fit Carmen en dressant son index. A toi de me le dire.

Sethza déploya ses bras croisés pour soutenir son menton d'une main.

« Peut être, une autre intuition. »

Les humains d'Eltnen peinent à transmettre les vieilles traditions, de ces traditions ancestrales courantes, bien avant la désertification du « beau pays ». Si l'on accordait à Sethza des origines lointaines avec Marco Silani, grand explorateur d'avant-guerre, elle se reconnaît aujourd'hui plus modestement comme descendante d'une famille d'Eltnen.
Son intuition, elle le devait certainement à sa lignée, pratiquant encore à notre époque des rites qualifiés « d'ésotériques ». De la « magie occulte », disait souvent « Sans-queue », non sans un certain dédain. Fumisterie ou non, Carmen estimait un jour les prédictions de la jeune contrebandière avec un taux d'exactitude de 59%.

-J'ai cru entendre une voix dans mon sommeil, expliquait Sethza. Cette voix était à peine audible. Elle ne murmurait pas, elle geignait « Orséis Pyrae », elle crachait « Orséis Pyrae ». Et puis... je me suis sentie mal, j'ai vomi. Quelque chose de mauvais va arriver, mais je n'en suis pas sûre.
-Tes prédictions sont souvent justes, alors pourquoi me raconter cela qu'aujourd'hui ?
-Parce que je ne me sens pas mourir. Alors je suppose que quoiqu'il arrive, ça ne finira pas mal. Si cela arrive, bien sûr. Allez, allons rejoindre les autres ! Demain, nous serons des nantis et des parvenus, avec nos dix millions de kinah.

Elles rirent à l'unisson, avant de profiter des excès d'alcool et des duels d'insultes et de persiflage, un de ces jeux idiots inventés sur le « shugo désinvolte ». L'équipage, dans l'heure qui suivit, distillait sa soif de kinah dans le mauvais vin.


Des démons ou de l'espoir



Trois heures du matin. Le corps éventré de Carmen glissait sur la lame de l'élyséen.

« Faibles humains... »

Le sang avait tant jaillit sur le « shugo désinvolte » qu'il couvrait les lanternes à bord, plongeant ainsi le navire dans l'obscurité. Sur le pont, une dizaine de daevas enjambaient les cadavres de l'équipage sans précaution.

-Centurion Quintilius. Centurion Quintilius ! Hurla une voix.
-Je suis dans la cabine, légionnaire.

Un gladiateur aux tempes grisonnantes se précipita dans les quartiers du capitaine.

-Centurion, loin de moi l'idée de contester votre autorité. Mais... ces humains à bord, méritaient-ils que...

Un souffle de vie anima le corps empalé de Carmen. Elle éructa une gerbe de sang au visage stoïque du centurion.

-Légionnaire, Marcus c'est bien ça ? Les ordres de Sanctum ne sont pas discutables. Ces gens sont des pourritures lépharistes selon nos informations.

Quintilius ôtait toute la splendeur de sa lame du corps de Carmen, puis en essuya la graisse et le sang sur les ailes du légionnaire.

-Centurion. C'est étrange, Sanctum enverrait une dizaine des nôtres pour un simple navire léphariste ? Ils n'ont pas tenu trois minutes face à nous. Et puis, pourquoi les tuer, alors que nous aurions pu simplement les capturer.
-Vous faites du sentiment Marcus, reprit le centurion. Ne sous-estimez jamais les lépharistes. -Il lui vrillait le doigt sur la joue- ils sont peut être faibles mais ils possèdent une cargaison dangereuse, très dangereuse. Et c'est la raison de notre venue.

Marcus hocha la tête avec discipline, bien qu'il sentit émerger un vague sentiment de culpabilité.

-Vous n'êtes pas convaincu légionnaire ? Vous avez lu comme moi le nom de cette femme dans les registres lépharistes. Il n'y a pas à douter.

Carmen mêla le rire à l'agonie.

-Je n'y suis restée... qu'un mois... pour leur voler ce navire. On dirait...que Sanctum s'est trompé.

La botte du centurion commençait à écraser le visage de Carmen, lorsqu'un bruit sourd secoua tout l'intérieur de la cabine. Une explosion assourdissante leur fit perdre à tous l'équilibre. Un second légionnaire se précipita en cabine, les ailes repliées pour franchir l'ouverture.

-Centurion, le navire est attaqué ! C'est...un galion léphariste à tribord !
-Comment ? Bondit Quintilius. Comment avez-vous fait pour manquer un galion ?
-Mon centurion... c'est une nuit à l'épaisseur d'encre !
-Rappelez la légion et envoyez les tuer ces pourritures. Ils doivent certainement escorter le « shugo désinvolte ».
-Négatif centurion. Les autres légionnaires sont... -il hésitait-... ils sont partis tuer le reste d'équipage dans la soute.

Profitant de la cohue, Carmen rampa en direction de la barre de navigation. Quintilius se précipita sur elle lorsqu'une deuxième détonation éclata les parois de la cabine. Cette violence lors de l'impact, apte à déstabiliser ainsi un puissant daeva, ce devait être l'oeuvre d'une bombe abyssale.

-  « Sans-queue », Marz, Sethza. Des démons ou de l'espoir. Dépêchez-vous d'ouvrir la boite.

Dans un dernier souffle, Carmen dériva la barre à tribord et actionna un levier de cuivre. Quintilius se jeta ailes déployées sur elle. Trop tard.


Le galion léphariste, sabords levés, déchaînaient l'enfer de ses canons sur le « shugo désinvolte ».

-Feu, hurla le capitaine Rhodes. Envoyez le « shugo désinvolte », son équipage et ces daevas par le fond.
-Capitaine, ces bombes sont très efficaces, même les daevas n'y résisteront pas.
-Evidemment, ces bombes viennent des abysses. Commencez à mettre des esquifs à l'eau et récupérez les corps de ces pourritures ailées. Faites aussi préparer mon embarcation.

Rhodes ajustait son tricorne, savourant intérieurement sa future victoire.

-Devrons-nous récupérer le caisson, capitaine ?
-Si possible, mais priorité aux daevas. Vivants ou morts, peu importe. En mer, ils n'ont certainement pas pu invoquer de kysks.


La panique envahit la soute du « shugo désinvolte ». Poursuivis par les légionnaires, « Sans-queue », Marz, Sethza et d'autres marins se bousculaient dans leur course.

-Des démons...ou de l'espoir...ouvrir la boite. Marmonna Sethza.

Une gerbe de feu embrasa le corps du timonier, ne laissant plus qu'une odeur de chair brûlée. Parmi les poursuivants, un sorcier daeva se présentait comme le plus menaçant.

-Seth, c'est pas le moment, fit « Sans-queue », esquivant sans peine un autre corps calciné devant lui. Ce foutu sorcier va finir par tous nous cramer.
-Une intuition... c'est le capitaine. Elle veut que nous allions dans le stock de marchandises, pour...
-Attention ! Hurla la foule paniquée.

Les mains liées, le sorcier psalmodia une ultime incantation. Celle-ci serait la dernière, pensa-t-il. Puis, jetant ses bras vers l'avant, le sortilège qui allait emporter la foule arrêta net son élan. Pire, celui-ci revint vers son lanceur à la surprise générale. De même, la foule et les légionnaires daevas se soulevèrent du sol et furent emporter vers l'arrière de la soute dans une accélération soudaine du navire.


-Centurion Quintilius ! Hurlait Marcus.

Quintilius restait collé au mât du navire, dans l'impossibilité de bouger sous la vitesse du vaisseau.

-Centurion, on dirait...
-Un moteur ballique ! Ce navire était donc un vaisseau shulack ou shugo !
-Centurion, nous filons...droit vers le galion léphariste. Attention à l'impact !


A bord du frêle esquif, le capitaine léphariste Rhodes se tourna vers son second.

-Alors ainsi capitaine, vous avez embauché ces contrebandiers pour qu'ils transportent le « caisson » dans ces eaux ?
-C'était un leurre, « main gauche ». Il suffisait ensuite d'envoyer une missive anonyme sur Sanctum, de leur dévoiler la nature de la cargaison, et de faire passer ces types pour des lépharistes.
-Cela a bien marché capitaine Rhodes.
-Evidemment, le capitaine Carmen est une ancienne léphariste. Sanctum se sera laissé berné facilement. Cette idiote aura eu tort de se laisser appâter par à peine cent millions de kinah, riait-il.
-Etrange qu'elle ne se soit pas méfiée, fit remarquer « Main gauche ».
-Nous étions convaincants. Outre les cents millions de kinah, nous lui avons promis de ne plus la poursuivre elle et le « shugo désinvolte ».
-Capitaine, le « shugo d... », montrait-il du doigt.
-Ah, vous avez bien ramé, nous arrivons, préparez-vous, dit-il sans se retourner.
-Capitaine Rhodes, c'est le « shugo » qui arrive vers nous !

Rhodes resta sans voix un instant, et prononça, le visage à quelques centimètres de l'impact.
-...Carmen...elle a restauré le moteur ballique !


Dans sa lancée, le « shugo » emporta les frêles esquifs et percuta le galion léphariste avec la puissance absurde du moteur ballique. Une première explosion jaillit sous la collision, lorsque la proue du « shugo » éventra le galion par le flanc, dans un fracas de bois et de corps. Puis, la cargaison de bombes abyssales s'embrasa et cracha une gerbe de feu et d'éther vers le ciel. Seule une large partie de la poupe du « shugo » émergeait encore, tandis que commençait son immersion.


Sethza ouvrit les paupières. A peine distinguait-elle les lambeaux de chair sur les murs de la soute. Marz la tenait sur son épaule, et gravissait le couloir en pente, tandis que l'eau immergeait déjà l'accès. A leurs trousses, le sorcier daevas grimaçait de rage et s'extirpait de cet amas de cadavres.

-La mission doit être accomplie. Aucun...témoin. Répétait-il, en mimant la voix du centurion Quintilius.

Tandis qu'un sort, puis un second lui percutaient le dos, Marz puisa dans ses ressources, jusqu'à gravir l'ensemble de la soute jusqu'à la porte du dépôt de marchandises.

-Il faut vivre.

Trois derniers mots en guise de testament. Marz poussa le corps de Sethza dans le dépôt et referma derrière elle, s'y dressant de tout son corps tel un gardien. Un second daeva s'extirpa parmi les cadavres et rejoignit le sorcier. Tout deux regardèrent ce colosse humain comme un simple obstacle.

-Tu es grand, humain, mais ça s'arrête là, fit le sorcier. Tu ne tiendras pas deux secondes.
-Attention, dans un soubresaut, le rat peut mordre le chat, ajouta l'autre daeva.

Marz regardait les daevas en contrebas. Dans un puissant râle, il contracta ses muscles et s'accrocha aux parois. Il n'était plus un homme, mais un véritable bloc de chair vivant obstruant la salle de dépôt. Guère impressionné, les deux légionnaires s'attardèrent sur la montée de l'eau en soute.

-Ne trainons p...
-Dix secondes, hurla Marz. Je tiendrais dix secondes, car je suis un fier homme d'Heiron !

Les deux légionnaires affichaient un sourire amusé et s'avancèrent vers lui.

Un. Sethza se reveilla.
Deux. Elle entendit Marz hurler de l'autre côté de la porte.
Trois. ses mains ensanglantées attrapèrent une corde.
Quatre. Elle se hissa vers les cargaisons.
Cinq. Où était donc ce fichu caisson, responsable de tout leurs malheurs ?
Six. Une voix murmura faiblement « Orséis Pyra ».
Sept. « Qui est là ? » cria-t-elle.
Huit. Le caisson ! Elle le trouva enfin.
Neuf. L'ouvrir, quitte à s'en briser les bras et les poignets.
Dix. Une poignée coulissante sur le caisson, reliée à une chaîne.

« Des démons, ou de l'espoir ? » geignit Sethza, tirant sur la poignée de toutes ses forces.


Des démons et de l'espoir.



Un asmodien. L'effroi envahit alors le visage de la jeune femme d'Eltnen. Toute cette traversée et ces ennuis, à cause d'un asmodien ? Il semblait inconscient. A bien y regarder, l'intérieur du caisson luisait de la couleur de l'éther. C'était une véritable prison éthérique qui avait séquestré cette créature tout ce temps.

-Orséis...Pyrae... répétait l'asmodien d'une voix faible.
-Je commence à comprendre, dit Sethza. C'est toi que nous avons entendu durant la traversée. Ces mots viennent de toi.
-Orséis... -la voix se fit plus forte.
-Hé, réveilles-toi ! Tu dois nous aider !
-Onze, s'écria le daeva en enfonçant la porte, le corps de Marz empalé sur la guisarme de son compagnon.


Quintilius époussetait sa large cape de centurion. Marcus récupérait son bras arraché lors de l'impact et progressa sur le pont en direction de son supérieur.

-Centurion. Je crois que nous avons été manipulés, et ces gens aussi. Notre mission est un échec cuisant.

Impassible, Quintilius contemplait son sabre et lui tint ces propos.

-Retrouver le caisson, massacrer les lépharistes et les témoins. Nous n'avons pas encore échoué, la mission peut continuer.
-Il faut récupérer nos camarades encore vivants et battre en retraite avant que le « shugo » finisse de sombrer.
-J'ai dis...

D'un geste précis, le sabre décapita la tête du légionnaire Marcus.

-...Massacrer les témoins.


Sethza tomba contre l'asmodien. Les deux daevas s'avancèrent doucement vers elle.

-Et toi, tiendras-tu dix secondes humaine ? Nargua le sorcier.

De longs bras velus encerclaient les épaules du gladiateur à la guisarme. « Sans-queue » s'accrochait dans son dos comme un tique et profita de l'occasion pour planter ses crocs à son oreille.

-Le « shugo désinvolte » ne sombrera pas seul. Il vous emportera avec lui.

L'élyséen se débattit, pris de panique. Ses mains et ses ailes tentaient d'arracher ce « tique », mais bien vite, les jambes de « Sans-queue » fermaient son étreinte autour de la taille du gladiateur.

-Lâches moi shugo ! Je t'empalerai comme les autres ! Hé, crames moi cette saloperie Vince, avec un de tes sorts.
-Je suis un shulack, ria « Sans-queue », emportant sa victime dans sa chute, en contrebas de la soute, afin de le noyer dans la montée des eaux.

Le sorcier daeva amorça son élan, mais fut interrompu par un curieux picotement. Des griffes asmodiennes s'enfonçaient dans ses chairs tièdes. L'asmodien le jaugeait du regard, puis éleva le sorcier à la force de ses bras, tandis qu'il le coupait en deux dans un cri sauvage.

Elle restait figée devant ce tableau macabre. Ses plumes noires frétillaient et s'essoraient de sang. Un ennemi de plus, ou un allié ? Sethza se souvint d'un dicton de son pays. « Perdu dans le désert, même un camps ennemi est le bienvenu. »

-Orséis... répétait-il encore en regardant Sethza.
-Je ne suis pas avec eux. Vous comprenez ma langue ?
-Orséis...
-Ils nous ont attaqué, je crois que c'est vous qu'ils recherchent. Mes...mes amis sont...
-Pyrae...
-Ils...sont morts, balbutiait-elle.

Comprenait-il ses mots, ou simplement son désespoir ? Il se contenta de ramasser la guisarme, plantée dans le corps de Marz puis se figea, un instant.

-Sethza ?

Elle aurait aimé lui répondre, mais la surprise envahit son corps.

-Sethza, Marz, Carmen, « Sans-queue », « Melba », Milo, Hanz...et tout les autres. Je vous ai tous entendu pendant la...traversée. J'ai même...pu améliorer mon élyséen à vous écouter. J'ai pensé au jour où je sortirais du caisson. J'ai pensé tous vous tuer. Mais je vous ai entendu parler de vos rêves, et j'ai compris que vous n'étiez pas des gens mauvais.
-Qui...êtes vous ? Osa-t-elle demander.
-Je m'appelle Dio. Inahlim Asham. Non, comment dites vous en élyséen...pas...beaucoup de temps !

L'eau gagnait le seuil du dépôt. Dio cognait la guisarme contre le plafond, espérant y créer un accès à temps.

-Je...-Il cognait toujours- j'ai dû fuir Asmodae, mais les lépharistes m'attendaient derrière la faille, moi et d'autres. Ils capturent...pour « Shégéloh » exi...expériences dans votre langue je crois.
-Vous étiez leur cobaye ?

Un trou béant laissait enfin paraître la nuit à l'épaisseur d'encre. L'asmodien grimpa sur le pont puis tendit une main amicale en direction de Sethza.

-Non. Eux utiliser les autres comme cobaye. Moi m'utiliser comme appât. Pour attirer élyséens beaucoup beaucoup dans leur piège.
-Et pas n'importe quel appât. Voila une histoire intéressante.

Quintilius fendait l'air de son sabre, tournant autour de Dio et Sethza. Le fil de sa lame pouvaient certainement trancher le plus fin flux d'éther.

-Dio Zphelzo, officier trois étoiles de Pandaemonium. Sanctum ne compte plus le nombre de vos victimes dans ses rangs à cause de vous.

Le centurion élyséen se prit d'un sourire sympathique et continua son récit.
-Les lépharistes sont bien malins, vous capturer si facilement, et établir tout ce stratagème juste pour récupérer plus de sujets d'expériences. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu.
-Ils...sous estimer ces mortels. Nous aussi.
-Dire que moi, Quintilius, ait failli...et toute mon escouade y est passé. -Il mêla le rire aux larmes- cela me dégoûte. Les mortels, les asmodiens, les lépharistes, vous me dégoûtez tous. Mais je peux encore m'en sortir. Si je tue une légende vivante, Sanctum sanctifiera mon nom.

Dio écarta Sethza d'une main puis fit tourner sa guisarme en guise d'échauffement. Quintilius se rua sur lui, sabre au clair. Dio accepta son défi.


Un rai de lumières l'aveuglaient et dissipaient la brume matinale pour dévoiler les terres de Verteron. Sethza flottait sur un tonneau, et regardait le corps blessé de Dio sur un radeau de fortune.
-Nous allons nous en sortir Dio.
-C'est fini pour moi, conclut-il en regardant sa blessure au ventre. De toute façon, les élyséens me tueraient à peine débarqué.

Aucun argument n'aurait pu lui rendre le moindre espoir. Sethza le savait.

-Orséis Pyrae, dit Sethza. Ces...gens existent vraiment ?
-C'était...seul espoir. Apprends...un des plus grands secrets d'Atréia. Ils existent. Sur Elyséa... Pyrae était mon...dernier espoir de survie. K...K...
-Ne parles plus où tu te videras de ton sang.
-C'est...maintenant ton dernier espoir. Les lépharistes n'en resteront pas là. Et...Sanctum non plus. Ils sauront ce qui est arrivé. Ils sauront qu'il reste une survivante. Quintilius l'a dit. « Aucun témoin ».

Elle sourit puis lui avoua.

-J'ai menti, moi non plus je ne m'en sortirais pas Dio. A cette époque de l'année, le courant nous entraîne vers le large. Et je n'ai plus la force de nager jusqu'à la côte.

Dio souriait à son tour, juste en la regardant, et sans lui justifier la raison.

-Tu t'en sortiras. Je devais postuler chez Orséis. Postules à ma place chez leur homologues élyséens. Ils t'aideront, comme ils m'auraient aidés à me cacher. Je ne peux te dire que deux choses.
-Dio ?
-Oriel...Eidan..

Sethza contemplait une dernière fois cette « créature », décédée bien loin de son pays. Elle ne pouvait se soulager d'un sanglot, tant elle avait pleuré la nuit dernière. Il ne lui restait qu'à braver le courant. Mais, ce que Dio n'avait osé lui avouer, avant son dernier râle, c'était à quel point il trouvait les nouvelles ailes de Sethza ravissantes. Mais surtout, il n'aurait jamais imaginé voir un jour une daeva s'en servir de voiles pour braver inconsciemment le courant.


Quelques jours plus tard, une main à la peau burinée par le soleil saisit la poignée du studio de Kris Eidan. Sethza souriait et essuyait une larme.

« Des démons, ou de l'espoir ? »

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Szora
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MessageSujet: Re: [Background] Sethza   [Background] Sethza I_icon_minitimeSam 30 Mar - 1:59

(respect ... Juste respect !)
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Drakvenn
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MessageSujet: Re: [Background] Sethza   [Background] Sethza I_icon_minitimeSam 30 Mar - 10:34

(Quel talent ! Franchement je suis impressionné, magnifique background agréable à l'oeil et d'un style tellement bon, hâte de te relire Very Happy )
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Ivalyss

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MessageSujet: Re: [Background] Sethza   [Background] Sethza I_icon_minitimeSam 30 Mar - 10:45

(O.O Alors... Que dire...)
(Bah premiérement, un grand merci pour le clin d'oeil ! l'affiche du Croc Suintant et de ses chiens fous m'a grandement fait plaisir ! lol! )
(Ensuite, je suis trés trés impréssionnée, ton BG m'a collée des frissons, j'était vraiment dedans ! Un grand bravo ma Sethza ! *Grand sourire*)
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MessageSujet: Re: [Background] Sethza   [Background] Sethza I_icon_minitime

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